Sommaire

Adam de la Halle
Azalaïs de Portiragnes
Bernard de Ventadour
Colin Muset
Gace Brûlé
Gautier de Coincy
Guillaume IX d'Aquitaine
Guillaume de Ferrière
Othon de Granson
Rutebeuf
Louis IX / Saint Louis
Thibaut de Champagne
Anonyme

Adam de la Halle

A jointes mains vous proi

rondeau d'Adam de la Halle
A jointes mains vous proi,
Douche dame, merchi.
Liés sui quant je vous voi,
A jointes mains vous proi;
Avés merchi de moi,
Dame, je vous empri.
A jointes mains...
A mains jointes, je vous implore,
Douce dame, pitié !
Je suis heureux quand je vous vois,
A mains jointes, je vous implore,
Ayez pitié de moi,
Dame je vous en prie !
A mains jointes...

Hé Diex quant verrai

rondeau d'Adam de la Halle
Hè, Diex quant verrai.
Cheli que j'aim ?
Certes je ne sai.
Hé, Diex, quant verrai ?
De vir son cors gai
Meur tout de faim.
Hé, Diex
Ah, Dieu! quand verrai-je
Celle que j'aime ?
En vérité, je ne sais !
Ah, Dieu! quand la verrai-je ?
A la voir si jolie,
Je meurs de faim !
Ah, Dieu...

Trop desir a veoir

rondeau d'Adam de la Halle
Trop desir à veoir
Che que j'aim.
Ne m'en puis remouvoir,
Trop desir à veoir,
Et au main et au soir
Me complain.
Trop desir...

Fines amouretes ai,
Dieus, si ne sai quant les verrai.
Or manderai m'amiete,
Qui est cointe et joliete,
Et s'est si saverousete
C'astenir ne m'en porrai!

Fines...

Et s'ele est de moi enchainte,
Tost devenra paile et tainte
Si l'en est esclandele et plainte,
Deshonerée l'arai.

Fines...

Miex vaut que je m'en astiengne
Et pour li joli me tiengne
Et que de li me souviengne
Car s'onnour li garderai.

Fines...
Je désire trop voir
Celle que j'aime!
Je ne peux m'en passer,
Je désire trop voir,
Et matin et soir,
Je ne cesse de me plaindre.
Je désire...

J'ai une amourette exquise,
Dieu, pourtant, je ne sais quand je la verrai.
Je demanderai à ma petite amie de venir,
Qui est élégante et jolie,
Et si savoureuse,
Que je ne pourrai m'en abstenir.

J'ai une amourette...

Et si elle est enceinte par ma faute,
Elle deviendra vite pâle et terne,
Si scandale et plainte en résultent,
Je l'aurai déshonorée.

J'ai une amourette...

Mieux vaut que je m'en abstienne,
Et que je reste amoureux d'elle,
Et que je me souvienne d'elle,
Car je protègerai son honneur.

J'ai une amourette...

Diex comment porroie

rondeau d'Adam de la Halle
Diex comment porroie
Sans cheli durer
Qui me tient en joie ?
Ele est simple et coie,
Diex...
Ne m'en partiroie
Pour les iex crever
Se s'amour n'avoie.
Diex...
Dieu, comment pourrais-je
Vivre sans celle
Qui fait ma joie ?
Elle est simple et calme,
Dieu...
Dussé-je avoir les yeux crevés,
Je n'abandonnerais pas son amour.
Dieu...

Je muir, je muir

Rondeau d'Adam de la Halle
Je muir, je muir d'amourete,
Las! aimi!
Par defaute d'amiete,
De merchi.
A premiers le vi douchete,
Je muir, je muir d'amourete,
D'une atraiant manierete,
A dont le vi,
Et puis le truis si fierete,
Quant li pri
Je muir, je muir...
Je meurs, je meurs d'amourette,
Hélas, pauvre de moi !
Ma petite amie s'en est allée,
Sans pitié.
Elle me parut d'abord toute douce,
Je meurs, je meurs d'amourette,
Elle était si avenante,
Quand je la vis,
Et puis elle se montra si cruelle
Quand je la priai !
Je meurs, je meurs...

Adieu commant amouretes

Rondeau d'Adam de la Halle
Adieu commant amouretes car je m'en vois,
Souspirant en terre estrange.
Dolans lairai les douchetes et mout destrois.
Adieu...
J'en feroie roïnetes s'estoie roys,
Comment que la chose empraigne.
Adieu...
Je recommande mes amourettes à Dieu, car je m'en vais,
Soupirant en terre étrangère.
Plein de tristesse, je laisserai mes douces amies, plein de chagrin.
Je recommande...
J'en ferais des princesses, si j'étais roi,
Quoique cela fasse.
Je recommande...

Colin Muset

Devers Chastelvilain

chanson
Devers Chastelvilain
Me vient la robe au main
Com uns oitours norois.
Bon jor doint Dex demain
Le seignor que tant ain !
Proudons est et cortois.
De ci qu'en Navarrois
N'a si bon chastelain
De son chastel a plain
Ne doute il les dous rois.

Or vos di que Choisues
Ne me vaut mais dous oes
Qui me soloit valoir.
Tot manjuent vermues
Vermin et escurues
N'en puis mais point avoir !
Et s'ont mis lor avoir
En vaiches et en bues
Et s'ont fait uns murs ripke
Que Dex gart de cheoir !

Or m'en vois à Soilli
Pieç'ai que n'assenai
A si bone maison.
Le seignor demandai
Maintes foiz m'a donné
Robes et maint bel don.
Ce n'est pas en pardon
Se j'en sui retornez,
S'il n'est empeorez
J'en avrai guierredon.

Perdu ai dous chastelx
Dont je sui moult engresx
Et bien m'en doit chaloir;
C'est Vignoriz, Rignez
Dous seignors i a belx
Qui me doignent valoir.
S'ont mis a nonchaloir
Armes et les cembelx.
Il n'ont part ou mantel,
Foi que doi Saint Eloir !
De Chastelvilain
Cette robe me vient au matin,
Comme un épervier nordique.
Que, demain, Dieu donne un jour faste
Au seigneur que j'aime tant!
Il est parfaitement courtois.
D'ici à la Navarre,
Il n'y a si bon châtelain,
De son château,
Il ne craint pas les deux rois !

Je vous le dis: Choiseul
N'a plus pour moi, même la valeur de deux oeufs,
Lui qui m'apportait tant.
Vermine et écureuils
Dévorent tout,
Je ne puis plus rien en recevoir !
Ils ont mis leurs biens
Dans des vaches et des boeufs,
Et ont construit une muraille neuve,
Dieu la protège de la ruine !

A présent je m'en vais à Soilli,
Je ne me suis pas dirigé depuis longtemps
Vers une si bonne maison.
Le seigneur, à ma demande,
M'a mainte fois donné
Vêtements et beaux cadeaux.
Ce n'est pas pour rien
Que j'y reviens,
S'il n'est changé en mal,
J'en aurai recompense.

J'ai perdu deux châteaux,
J'en suis bien attristé,
Et à juste titre.
Ce sont les châteaux de Vignoriz et de Rignez,
Leurs deux seigneurs devraient être pour moi
De grande valeur.
Mais ils négligent désormais
Les armes et les tournois.
Ils n'ont pas droit au manteau,
Par la foi que je dois à Saint Eloi !

Gace Brûlé

Les oisellons de mon païs

chanson
Les oiselions de mon païs
Ai oïz en Bretaingne.
A leur chant m'est il bien avis
Qu'en la douce conpaingne
Les oi jadis.
Se gi ai mespris ?
Il m'ont en si douz penser mis
Qu'à chançon fere me sui pris,
Tant que je par ataingne
Ce qu'amors m'ont lonc tens pramis.

De longue atente m'esbahis,
Sanz ce que je m'en plaingne.
Ce me tout le gieu et le ris.
Nus qui amors empraingne
N'est del ententis.
Mon cuer et mon vis,
Truis mainte foiz si entrepris.
Un foiz senblant j'ai apris
Qui qu'en amors m'espraingne,
Ainz certes plus ne li mesfis!
Les oiselets de mon pays,
En Bretagne, je les entendus.
Ce chant, il me semble bien
Que dans ma douce Champagne,
Je l'entendais jadis.
Me suis-je trompé?
Ils m'ont mis en de si douces pensées
Que j'ai entrepris mon chant
Dans l'espoir de la récompense
Qu'Amour m'a toujours promise.

Je reste stupéfait de cette longue attente,
Sans m'en plaindre,
Mais j'en perds le goût des rires et des jeux.
Quiconque aime,
Ne se soucie de rien d'autre.
Mon coeur et mon visage,
Je les trouve maintes fois mal en point.
Une fois, j'ai appris
Que qui que ce soit qui m'enflamme d'amour,
Jamais je ne lui serai déloyal !

Guillaume de Ferrière

Quant la sesons

chanson
Quant la sesons du douz tens s'asegure,
Que biaus estés sera ferme et esclaire,
Que toute riens a sa douce nature,
Ment et retrait se trop n'est de male aire,
Lors chanterai, car plus ne m'en puis taire,
Pour conforter ma cruel aventure
Qui m'est tonnée à grant mesaventure.

J'aim et desir ce qui de moi n'a cure,
Las! je li dis qu'amors me le fist faire.
Or me het plus que nule criature,
Et as autres la voi si debonaire,
Qui ce m'a fet que nus ne puet deffaire
Fors ses fuis cuers dont vers moi est si dure
Qu'à la mort sui, se sa guerre mi dure.

Amors, amors, je muir et sanz droiture,
Ma mort, certes vous devroit bien desplaire,
Car en vous ai toute mise ma cure
Et mes pensers dont j'ai plus de cent paire,
Sor vous devoit mes biaus servises plaire,
Lors en seroit ma joie plus sëure,
On dit pieça, qu'il est de tout mesure.

Que cruels fet ses cuers s'il li otroie,
Moi en haïr dont si la voi certaine
Qu'en tot cest mont ne li demanderoie,
Fors que s'amor qui à la mort me maine,
S'ele m'ocit, que trop fera que vilaine,
Et s'ensi est que por li morir doie,
Ce est la mort dont melz morir vodroie.
Quand la douce saison s'installe,
Que le beau printemps s'affermit et s'éclaire,
Que chaque chose revient à sa douce nature,
Si elle n'est de mauvaise origine,
Alors je vais chanter, car je ne peux plus me taire,
Et dois me consoler de ma cruelle aventure,
Qui a fait mon grand malheur.

J'aime et désire quelqu'un qui ne se soucie pas de moi.
Hélas, je lui dis que c'était par amour.
Mais elle me hait plus que toute autre créature,
Elle que je vois si bonne avec les autres,
Qui m'a fait ce que nul ne peut défaire,
Si ce n'est son coeur, si cruel envers moi
Qu'il est voué à la mort, si elle continue à me faire le guerre.

Amour, amour, je meurs injustement,
Ma mort, certes, devrait bien vous déplaire,
Car j'ai mis en vous tous mes soins,
Et mes pensées, dont j'ai plus de cent paires.
Mon parfait service aurait dû vous plaire,
Et ma joie en serait alors plus certaine.
On dit depuis longtemps qu'il faut de la mesure en tout.

Son coeur agit cruellement, s'il lui fait me haïr;
Ce qu'elle fait, je le vois.
Car dans tout ce monde, je ne lui demanderais
Que son amour, qui me conduit à la mort.
Si elle me tue, elle agira trop déloyalement,
Et s'il en est ainsi, que je doive mourir pour elle,
C'est la mort que je choisirai de préférence !

Louis IX / Saint Louis

L'Autrier Matin

attribué à Saint Louis
L'autrier matin el moys de May
Regis aeterni munere
Que par un matin me levay
Mundum proponens fugere
En un plesant pré m'en entray
Psalmos intendens psallere
La Mère Dieu ilec trouvay
Jam lucis orto sidere.

Par le pré voit soutivement
Celesti plena gracia
Vers lui me trais isnelement
Ejus sequens vestigia
Et li dis: "Bele, à vous me rent
Quam amo super omnia
Qu'en vous habite apertement
Eterna celi gloria"

Après icest mot sans mentir
Ascendit ad celestia
Je vi encontre ele venir
Sanctorum decem milia
Je, qui remains, ploure et souspir
Cordis tactus angustia
Diex, verrai je jamès venir
Beata nobis gaudia

Mère de Dieu, vrai salut port
Fons pietatis maxime
De Celui m'envoiés confort
Salutem prestans anime
Garde moy de l'anemi fort
Qui me temptat sepissime
Paradis m'otroit à la mort
Rerum Creator optime !
Amen.
L'autre matin, au mois de Mai,
Par un don du roi éternel,
Je me levai de bon matin,
Décidant de fuir le monde,
J'entrai dans un charmant pré,
Ayant l'intention de chanter des psaumes,
Je trouvai là la mère de Dieu,
L'astre de lumière était déjà levé.

Dans ce pré, elle se promène avec élégance,
Pleine de grâce céleste,
Je me précipite vers elle,
Suivant ses pas,
Et lui dis: "Belle je me rends à vous,
Que j'aime par dessus tout,
Car en vous habite manifestement,
La gloire éternelle du ciel".

A ces paroles, je ne mens pas,
Elle monta au ciel,
Je vis vers elle venir
Dix mille saints,
Moi, je reste, pleure et soupire,
Le coeur atteint d'angoisses,
Dieu, verrai-je jamais venir,
Une joie heureuse pour nous ?

Mère de Dieu, vrai salut et refuge,
Très grande source de piété,
Envoyez moi son réconfort,
Assurant le salut de l'âme,
Protégez moi de la puissance du diable,
Qui me tente très souvent.
Que m'octroie à ma mort le Paradis,
Le Très Grand Créateur de toutes choses !
Amen

Thibaut de Champagne

Dex est ausi comme li pellicans

chanson
Dex est ausi comme li pellicans
Qui fait son ni ou plus haut arbre sus,
Et li mauvais oiseaux qui vient dejus,
Ses oiselions ocist, tant est puanz!
Li pères vient destrois et angoissox,
Dou bec s'ocist, de son sanc dolorous
Vivre refait tantost ses oiselions.
Dex fist autel quant fu sa passions:
De son douz sanc racheta ses anfanz
Dou deable qui tant estoit poissanz.

Nostre chief fait toz nos membres doloir,
Por c'est bien droiz qu'à Deu nos en plaignons,
Et granz corpes ra mout sus les barons
Cui il poise quant aucuns vuet valoir,
Et entre genz en font mout a blasmer
Qui tant sevent et mentir et guiler,
Le mal en font desor eus revenir,
Et qui mal quiert, malx ne li doit faillir.
Qui petit mal porchace a son pooir,
Li granz ne doit an son cuer remenoir.

Bien devriens en l'estoire veoir
La bataille qui fu des dous dragons,
Si con l'en trueve ou livre des Bretons,
Dont il covient les chasteax jus cheoir.
Ce est cist siegles cui il covient verser,
Se Dex ne fait la bataille finer.
Les jauz Mellin en covint fors issir
Por devener qu'estoit a avenir.
Mais Antecriz vient ce poëz savoir,
Es maçues qu'anemis fait movoir.

Savez qui sont li vil oisel punais
Qui tuent Deu et ses enfançonnez?
Li papelars dont li noms n'est pas nez,
Cil ort puant, ort et vil et mauvais!
Il ocient tote la simple gent,
Par lor faus moz qui sont li Deu enfant.
Papelart font le siegle chanceler,
Par Saint Père! mal les fait encontrer!
Il ont toloit joie, solaz et pès,
Cil porteront en enfer le grant fès.

Or nos doint Dex li servir et amer,
Et la dame qu'on n'i doit oblier,
Qu'il nos vuille garder a touz jors mais
De maus oiseaus qui ont venin ès bès !
Dieu est comme le pélican,
Qui fait son nid au sommet de l'arbre le plus haut;
Et l'oiseau mauvais qui vient d'en bas
Tue ses oisillons, tant il est vil !
Le père revient désemparé, au comble du désespoir;
De son bec il se tue, mais son sang douloureux
Fait aussitôt revivre ses oisillons.
Dieu fit de même, lors de sa Passion:
De son doux sang, il racheta ses enfants
Du diable qui était si puissant.

Notre tête fait souffrir tous nos membres,
C'est pourquoi il est juste que nous nous en plaignons à Dieu.
Il y a une très grande faute, sur les barons,
Qui sont chagrin quand quelqu'un cherche des mérites.
Ils sont à blâmer entre tous,
Eux qui savent tellement mentir et tromper;
Le mal en retombe sur eux.
Celui qui veut se garder du mal, ne doit pas succomber au mal.
Celui qui pourchasse de toute sa force un petit mal,
Ne doit pas laisser un grand mal en son coeur.

Nous devrions prendre en considération, dans la légende,
La bataille entre les deux dragons,
Comme on la trouve dans le livre des Bretons,
A cause desquels les châteaux s'écroulaient :
C'est l'image de notre temps qui nécessairement va s'écrouler,
Si Dieu ne fait cesser la bataille.
Pour deviner ce qui était advenu,
Il fallut que les coqs de Merlin en sortent.
Mais l'Antechrist vient, sachez-le,
Dans les massues que l'ennemi brandit.

Savez-vous qui sont les vils oiseaux puants
Qui tuent Dieu et ses enfants ?
Les hypocrites, dont le nom n'est pas digne,
Ces gens qui sont puants et vils et mauvais !
Ils tuent tous les braves gens,
-Par leurs faux mots- qui sont enfants de Dieu.
Les hypocrites mettent le siècle en péril,
Par le Saint Père, il est mauvais de les rencontrer !
Ils ont supprimé la joie, le plaisir et la paix:
Ils en porteront le fardeau en enfer.

Que Dieu nous donne de le servir et de l'aimer,
Et la Dame, que l'on ne doit oublier,
Qu'il nous veuille garder à tout jamais
Des mauvais oiseaux qui ont le bec plein de venin !

Gautier de Coincy

Roÿne Celestre

lai de Gautier de Coincy
Roÿne celestre Buer fusses tu nee
Quant porte et fenestre Du ciel es nommee
Tant es de haut estre, Pucele sacree,
Qu'el ciel a sa destre T'a Diex coronnee :

Car de ta mamele Qui tant est enmielee
Fu de sa bouche bele Peue et abevree.
Haute damoisele, Virge beneuree,
Touz li mons t'apele Par tout t'es reclamee.
Haute pucele pure et monde, De toi sourt la rousee
Dont as toute la riens du monde Nourie et arousee.
Roÿne ennouree Beur fusses engenree
Car plus t'es douce et plus plesanz Et plus sade cent mile tanz
Que mieuz en fresche ree.
Riens qu'a saveur, Sanz ta saveur
Ne m'est a savouree.

Certes qui ne bee De toute sa pensee
A toi servir, tout en apert, Puis bien dire que s'ame pert
Et qu'ele en iert dampnee.
Mes qui te sert Dieu en desert,
Que buer fusses tu nee.

Fontaine de grâce, Mère Dieu Marie,
Queque chascuns face, Fouz est qui t'oublie.
Tourne nous ta face, Qui tant est polie,
De nous touz efface Toute vilanie.

Enbasmée rose, De nouvel espanie,
Touz li mons t'alose, Et vers toi s'umilie.
Car en toi repose Et en toi se recrie
Cil qui toute chose De nient forme et crie.
Qui de bon cuer à toi s'otroie, Qui t'aime et sert et prie,
Tu l'as tost mis à bone voie Et retrait de folie.
En toi n'a boidie, Barat ne loberie,
Tricherie ne fauseté, Por ce a bien son sort jetè
Qui à toi se marie.
Tu as biauté Et loiauté,
Valeur et cortoisie.
Ne foloie mie Qui de toi fait s'amie,
Car cil qui t'aime de cuer fin Ne puet faillir à fine fin
N'a pardurable vie.
Por ce t'enclin, Por ce m'aclin
A toi, Virge Marie.
Reine céleste, bienheureuse,
puisque tu es proclamée porte et fenêtre du ciel.
Tu es de si haute valeur, vierge sacrée,
que Dieu t'a couronnée à sa droite au ciel :

car de ton sein doux comme le miel
sa belle bouche fut nourrie et abreuvée.
Noble maîtresse, vierge bienheureuse,
le monde entier t'invoque, tu es priée partout.
Noble vierge, pure et sans tâche, la rosée a sa source en toi,
dont tu as nourri et arrosé toute chose de ce monde.
Reine honorée, bienheureuse fut ta naissance,
car tu es plus douce et plaisante et plus savoureuse cent mille fois
que miel en rayon nouveau.
Toute chose, sans ta saveur,
n'a pas de saveur pour moi.

En vérité, qui ne désire de toute sa pensée
te servir, sans réticence, je peux bien dire qu'il perd son âme
et qu'elle sera damnée.
Mais qui te sert, il sert Dieu,
bienheureuse fut ta naissance.

Fontaine de grâce, Mère de Dieu, Marie,
Quoique chacun fasse, il faut être fou pour t'oublier.
Tourne vers nous ta face, si lisse,
Efface de nous tous toute vilenie.

Rose embaumée, récemment épanouie,
Le monde entier chante ta louange, et se prosterne devant toi.
Car en toi se repose, et se réconforte
Celui qui crée toute chose à partir de rien.
Qui s'offre à toi de bon coeur, qui t'aime, sert et prie
Tu le mets sur la bonne voie et lui évite les erreurs.
En toi il n'y a ruse, tromperie ni duplicité,
Ni tricherie ni fausseté. C'est pourquoi il a bien choisi son destin
Celui qui se marie avec toi.
Tu as beauté et loyauté,
Valeur et courtoisie .
Il ne s'égare pas celui qui fait de toi son amie
Car celui qui t'aime d'un coeur pur, ne peut manquer d'avoir une bonne fin
Et la vie éternelle.
C'est pourquoi je te salue, je me prosterne
devant toi, Vierge Marie !

Azalaïs de Portiragnes

Ar em al freg temps vengut

(en occitan, Nous voici venus au temps froid)
"Nous voici venus au temps froid
Avec gel, neige, et boue
Et si je succombe avec ces mots vrais
D'Orange me vient la blessure
Une dame place bien mal son amour
Si elle aime un homme pour sa richesse,
J'ai un ami de grande valeur
Qui est au-dessus de tous
Et il n'a pas un cour tricheur
Envers moi, et il me donne son amour"

Othon de Granson

La grand beauté de vo viaire clair

La grand beauté de vo viaire clair
Et la douceur dont vous êtes parée
Me fait de vous si fort énamouré,
Chère dame, qu'avoir ne puis durée.
A toute heure est en vous ma pensée.
Désir m'assaut durement par rigueur.
Et si par vous ne m'est grâce donnée,
En languissant définiront mes jours.

Allégement ne pourraie trouver
Du mal que j'ai par créature née,
Si par vous non, en qui veut affermer
Entièrement mon coeur, sans dessevrée.
Il est vôtre, longtemps vous ai aimée
Céléement, sans en faire clameur.
Et si l'amour de vous m'est refusée
En languissant définiront mes jours.

Ci vous supplie humblement que passer
Ma requête veuillez, s'il vous agrée.
Assez pouvez connaître mon penser
Par ma chanson, qui ballade est nommée.
Plus ne vous dis, belle très désirée,
Démontrez-moi, s'il vous plaît, vo douceur,
Car autrement soyez acertainée,
En languissant définiront mes jours.


Rutebeuf

La complainte de Rutebeuf


Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta




Bernard de Ventadour

Nuit et jour je médite

Nuit et jour je médite et pense et veille,
Plains et soupire et puis m'apaise;
Quand mieux m'advient j'en retire peine,
Mais une bonne attente m'éveille
Dont mes chagrins s'apaisent,
Fol, pourquoi me dire que j'en retire du mal :
Car si noble amour me l'envoie
Que l'envoi seul m'est un gain.

Que ma Dame ne s'émerveille
Si je lui demande son amour et un baiser,
Contre la folie dont je parle
Ce sera gente merveille
Si elle m'accole et me baise,
Dieu puisse-t'on se récrier déjà
("Ah, tel vous voie et tel vous ai vu !")
Pour le bonheur que l'on voit en moi !

Noble amour, je me fais votre compagnon
Car ce n'est ni promesse ni sort
Mais ce qui plaît à votre grâce
(Dieu je le crois m'en gratifie)
Que si noble amour soit mon sort.
Ah ! Dame, par pitié vous prie
Qu'ayez pitié de votre ami
Qui vous demande grâce si doucement !
Bernart demande grâce a sa dame
Qui si doucement lui fait grâce
Et si je ne la vois d'ici peu
Je ne crois pas que je la verrai de longtemps.

Poème

Be la volgra sola trobar,
que dormis, o'n fezes semblan,
per qu'e lh embles un doutz baizar,
pus no valh tan qu'eu lolh deman.
per Deu, damna, pauc esplecham d'amor !
vai s'en lo tems, e perdem lo melhor !
parlar degram ab cubertz entresens,
e, pus no'ns val arditz, valgues nos gens !
Be deuri 'om domna blasmar,
can trop vai son amic tarzan,
que lonja paraula d'amar
es grans enois e par d'enjan,
c'amar pot om e far semblan alhor,
e gen mentir lai on non a autor,
bona domna, ab sol c'amar mi dens,
ja per mentir eu no serai atens.
Messatger, vai, e no m'en prezes mens,
s'eu del anar vas midans sui temens.
Que je voudrais la trouver seule,
endormie ou faisant semblant,
pour lui ravir le doux baiser,
que je n'ai pas le courage de lui demander.
Pardieu, Dame, nous faisons trop peu de cas de l'amour !
le temps s'en va, et nous perdons le meilleur !
Nous devons user entre nous d'un langage secret,
et, si nous ne sommes pas les plus courageux, être les plus fins !
Bien digne de blâme,
est celle qui impose de trop longs délais à son ami,
trop longtemps se faire prier,
c'est causer de grands maux et montrer de la déloyauté,
On peut aimer, n'est-il pas vrai, et ailleurs faire semblant ;
il est aisé de mentir quand il ny a personne pour vous voir,
Mais moi, douce dame, du moment où tu m'auras accordé ton amour,
jamais tu n'auras de mensonge à me reprocher.
Va, messager, et ne m'en estime pas moins
si je n'ose aller moi même trouver ma dame.

Quand je vois l'alouette

Quan vei la lauzeta mover Quand je vois l'alouette, de joie agiter
De joi sas alas contra-l rai Ses ailes contre le rayon [du soleil]
Que s'oblid'e-s laissa chazer Qui s'oublie et se laisse tomber à cause
Per la doussor qu'al cor li vai De la douceur qui pénètre son coeur
Ai! Tan grans enveia m'en ve Ah! Quelle grande envie me vient
De cui qu'eu veia jauzion De tous ceux que je vois joyeux !
Meravilhas ai car desse Et je m'émerveille qu'aussitôt
Lo cor de dezirier no-m fon. Mon coeur ne se fonde point de désir

Guillaume IX d'Aquitaine

Je n'adorerai qu'elle !

Chanson
Ferai chansonnette nouvelle,
Avant qu'il vente, pleuve ou gèle;
Ma dame m'éprouve, tente
De savoir combien je l'aime;
Mais elle a beau chercher querelle,
Je ne renoncerai pas à son lien.
Je me rends à elle, je me livre,
Elle peut m'inscrire en sa charte;
Et ne me tenez pour ivre
Si j'aime ma bonne dame,
Car sans elle je ne puis vivre,
Tant de son amour j'ai grand faim.
Elle est plus blanche qu'ivoire,
Je n'adorerai qu'elle !
Mais, si je n'ai prompt secours,
Si ma bonne dame ne m'aime,
Je mourrai, par la tête de Saint-Grégoire,
Un baiser en chambre ou sous l'arbre !
Qu'y gagnerez-vous, belle dame,
Si de votre amour vous m'éloignez ?
Vous semblez vous mettre nonne,
Mais sachez que je vous aime tant
Que je crains la douleur blessante
Si vous ne faites droit des torts dont je me plains.
Que gagnerez-vous si je me cloître,
Si vous ne me tenez pas pour vôtre ?
Toute la joie du monde est nôtre,
Dame, si nous nous aimons,
Je demande à l'ami Daurostre (*)
De chanter, et non plus crier.
Pour elle je frissonne et tremble,
Je l'aime tant de si bon amour !
Je n'en crois jamais née de si belle
En la lignée du seigneur Adam.
* Daurostre était le jongleur de Guillaume

François Villon

Le lais

Francois Villon - Le lais (fichier PDF)

Anonyme

Ecce Mundi Gaudium

Rundellus
Ecce mundi gaudium
Ecce salus gentium
Virgo parit filium
Sine violentia.
Ave virgo regia
Dei plena gratia !

Natus est de virgine
Sine viri semine
Qui mundat a crimine
Rex qui regit omnia.
Ave virgo...

Angelus pastoribus
Natus est in gentibus
Qui dat pacem omnibus
Sua providentia.
Ave virgo...

Reges tria primia
Offerentes varia
Stella ducit previa
Ad salutis gaudia.
Ave virgo...

Cum nil scire potuit
De nato rex fremuit
Et tota gens tremuit
Christi natalicia.
Ave virgo...

Cum mori per gladios
Rachel videt proprios
Mesta plorat filios
Nulla sunt solatia.
Ave virgo...
Voici la joie du monde,
Voici le salut des peuples,
La Vierge a fait naître un fils
Sans violence !
Salut, Vierge reine
Pleine de grâce de Dieu !

Il est né de la Vierge
Sans semence virile,
Lui qui lave les péchés,
Le roi qui règne sur toutes choses.
Salut..

L'ange dit aux bergers:
Il est né pour tous les peuples,
Lui qui donne la paix à tous
Par sa providence.
Salut...

Les trois rois
Offrent différents cadeaux,
Quand une étoile les guide
Vers la joie du salut.
Salut...

Comme il ne pouvait connaître
La naissance, le roi Hérode enragea,
Et tout le peuple trembla,
Le jour de la naissance du Christ !
Salut...

Lorsque Rachel voit le massacre
De ses fils par le glaive,
Elle pleure.
Rien ne peut la réconforter.
Salut...

Lasse que deviendrai gie

lai
Lasse que deviendrai gié
Que cil juif esragié
Ont mon fil tant outragié
Qu'à un mort le m'ont changié,
Et sans nul forfait
M'ont si grant tort fait ?

Filz onques ne fus estous,
Mès plus souefs et plus dous
Que n'est lais ne miaus ne mous,
Tant mar fu vostre biau voz !
Diex, pour coy mouri
Flours qui si flori ?

Onques ne cuidai savoir
Que deulz est, or le savrai,
Maintes joies seul avoir,
Ne sai se plus en avrai,
Bien dit l'escripture voir,
Partans m'en apercevrai
Que j'avoie a recevoir
Un glaive : or le recevrai.

Biaus fix, tu fus concëus
Et naquis très glorieusement,
Des bestes fus connëuz
En la creiche tout premièrement,
Et des rois apercëus
Qui t'offrirent leur dons doucement.

Toute riens fu esbaudie
Quant mes ventres t'enfanta.
Nis la bele compaignie
Des celz en rist et chanta.
Quant la mort vint sor ta vie,
Li cielz s'en espoventa,
Moult dëust estre garie
Dame qui tel enfanta !

Mès n'i voi pas ma guerison
Quar je ne sui mès mère,
Tolu m'a l'en par trahison
Mon chier filz et mon père,
Or si l'a mis en sa prison
La mort dure et amère
Li philosophe que nous lison
Y prirent leur matère.

Biaus douz filz, vous me laissiez
La doulour profonde,
Cist deulz dont vous me paissies
Crieng ne me confunde.
Toute joie est abaissiez
Et douleur habunde,
Quant li arbres est plaissiez
Qui paissoit tout le monde.

Nule riens que Dies cria
Ne me pourroit apaisier.
Lasse! com mal deulz ci a!
Moult se doit or esmaier
Li folz qui mon fil lia
Et li fist le sanc raier.
Ce sachiez, Diex l'oublia.
Mau jour li ajourna hier.

Onques ne senti doulour,
Biau filz quant vous fustes nez,
Ne ne muay la coulour:
Ne povoit estre esgenez
Li cors qui de tel seignour
Avoit esté habités,
Plus grand duel, nus n'ot gregnour
Dont vous estes si menés.

Biau filz, je vous alaitai.
Mors estes, dolente en sui !
Mainte fois vous afetai
Ou bercuel, si com je dui.
Pour Herode vous guetai,
Et jusqu'en Egypte enfui,
Onques ne me deshaitai
Autre tant com je faiz hui.

A martire sui livrée,
Ne sai qui ce destina.
Li juif m'ont desertée:
Onques nus d'euz ne fina
D'avoir vers mon fil mellée:
Mors est qui maulz voisin a!
Voirement est ce l'espée
Dont Syméon devina.

Ne puis mon cuer estanchier,
En plourant m'estuet vengier
Et tout mon cuer destrenchier,
Ou de mon cors l'esrachier,
Jamès ne seulz avoir
De trop grant avoir,
Ne me pris un grain de mil,
Or m'en irai en essil.
A Dieu commande mon fil
Qui fu abuvrés d'aisil
Et mis en la crois.
Ci me faut la vois.
Hélas, que deviendrai-je,
Car ces juifs enragés
Ont tant maltraité mon fils
Qu'ils l'ont mis à mort,
Et sans nulle faute de sa part,
M'ont fait si grand tort ?

Fils, jamais tu ne fus arrogant,
Mais plus tendre et doux
Que lait, miel ou mousse.
Quel malheur pour votre beau visage!
Dieu, pourquoi mourut
Une fleur qui fleurit ainsi!

Jamais je ne pensais connaître
Ce qu'est le malheur, maintenant je le saurai;
J'ai connu beaucoup de joies,
Je ne sais plus si j'en connaitrai.
L'Ecriture dit bien la vérité,
J'aurai bien l'occasion de m'en apercevoir:
Je devais recevoir
Un glaive, je le recevrai.

Cher fils tu fus conçu
Et naquis très glorieusement,
Tu fus reconnu par les bêtes
D'abord dans la crèche,
Et désigné par les rois
Qui t'offrirent leurs cadeaux avec tendresse.

Tout être fut rempli de joie
Quand mon ventre t'enfanta;
Même la belle compagnie
Des cieux en rit et chanta.
Quand la mort te prit la vie,
Le ciel en fut épouvanté.
Elle aurait dû être bien protégée
La Dame qui eut un enfant tel que toi!

Mais je ne vois pas mon salut,
Car je ne suis plus mère;
On m'a pris par trahison
Celui qui était mon fils chéri et mon père.
Maintenant, la mort cruelle et amère
L'a fait son prisonnier;
Les philosophes que nous lisons
Y ont pris leur matière.

Cher et doux fils, vous m'avez laissé
Une douleur profonde.
Ce malheur dont vous m'avez nourrie,
Je crains qu'il ne me détruise.
Toute joie est anéantie,
Et la douleur triomphe,
Quand l'arbre qui nourrissait
Le monde entier, est détruit.

Rien de ce que Dieu créa
Ne pourrait m'apporter la paix.
Hélas, quelle douleur!
Il doit bien souffrir,
Le fou qui a lié mon fils
Et fit couler son sang!
Sachez que Dieu l'oublia;
C'est un mauvais jour qui s'est levé pour lui hier!

Je ne sentis pas de douleur,
Cher fils, à votre naissance,
Et mon teint ne changea pas:
Il ne pouvait être endommagé,
Le corps qui avait été habité d'un tel seigneur
Il n'y eut pas de plus grande douleur
Que celle qui vous fait souffrir.

Cher fils,je vous allaitais;
Vous êtes mort: j'en souffre!
Souvent, je vous soignais
Dans le berceau, comme je le devais;
A cause d'Hérode, je vous protégeais,
Et je m'enfuis jusqu'en Egypte.
Jamais je n'eus de peine
Comme aujourd'hui!

Je suis au martyre,
Je ne sais qui m'a donné ce destin.
Les juifs ont fait ma perte:
Jamais ils ne cessèrent
De chercher querelle à mon fils,
Il est mort celui qui a un mauvais voisin!
Vraiment, c'est le glaive
Dont parla Siméon dans sa prophétie.

Je ne peux arrêter le sang qui coule de mon coeur,
Je dois me venger en pleurant,
Et mettre en pièce mon coeur
Ou l'arracher de mon corps;
Je n'ai jamais eu coutume
De posséder de richesse,
Et je ne m'estime pas la valeur d'un grain de mil,
Maintenant, je partirai en exil;
Je recommande mon fils à Dieu,
Qui fut abreuvé de vinaigre
Et mis en la croix.
Désormais, la voix me fait défaut...

Salve Virgo Virginum

Rundellus
Salve virgo virginum
Salve sancta parens
Genuisti filium
Salve sancta parens
Creatorem omnium
Salve sancta parens
Qui regit imperium
Omni labe carens
Salve...

Tu patrem ac dominum
Salve sancta parens
Roga salus hominum
Salve...
Ut nutriat populum
Salve...
Vite fundens poculum
Virgo flos non arens
Salve...

Cordibus fidelium
Salve sancta parens
Verum desiderium
Salve...
Prestet et solatium
Salve...
Nostrum refrigerium
Mundo lumen darens
Salve...
Salut, vierge des vierges,
Salut, mère sainte,
Tu as mis au monde un fils,
Salut, mère sainte,
Créateur de toutes choses,
Salut, mère sainte,
Qui règne sur le monde,
Exempte de toute souillure,
Salut, ...

Toi, au père et au maître,
Salut, mère sainte
Demande le salut des hommes,
Salut...
Pour qu'il nourrisse le peuple,
Salut...
Versant le breuvage de la vie,
Vierge, fleur non altérée,
Salut, ...

Dans les coeurs des fidèles,
Salut, mère sainte
Vrai désir,
Salut...
Elle assure la consolation,
Salut...
Notre bonheur éternel,
Lumière éclairant le monde,
Salut...
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